Je dormais paisiblement sous ma forme chauve-souris, accroché au coin du plafond de ma maîtresse. J’avais enfin pu trouver le sommeil recherché. Hélas, voilà que des crocs baveux étaient venu capturer mon frêle corps de chauve-souris pour me déguster. Je poussais des cris de détresse alors que le canin sortait de la chambre en trombe avec moi dans sa grosse gueule! Mon corps était recouvert de bave ragoutante de canin. J’ai pris sur le coup mon apparence humaine en jetant un regard noir vers le loup fier de son coup.

-Toi!

Revenons au commencement si vous voulez bien. Dans un endroit sombre, où peu de lumière pénétrait dans la pièce. Une jeune chauve-souris observait les barreaux froids de sa cage d’un regard hypnotique. Attiré par la couleur brune qui couvrait le bout métallique, il approchait ses doigts pour y toucher.

-Adret n’y touche pas!

J’arrêtais mon geste en jetant un coup d’œil vers un homme doté d’une longue chevelure aussi noire que les plumes d’un corbeau. Son visage était démarqué de blessures dues par la maltraitance de son maître. Ses yeux jaunes m’observaient intensément, je me séparais des barreaux pour me faufiler dans sa chevelure sous ma petite forme animale. C’était le seul endroit où je me sentais en sécurité, cacher à la face du monde. La chevelure que j’avais choisie comme refuge était celle de mon père génétique. Ici, rien n’était rassurant, l’air était étouffant et nul hybride ne portait un quelconque bout de tissu. Nous restions nus chaque jour exposant au grand jour notre état pathétique. La porte s’ouvrit dans un grincement angoissant. Un homme au ventre dodu marchait à travers les cages avec un air coléreux. Il arrêta ses pas devant la cage de mon père qui, pour l’accueil, lui fait un de ses plus beaux sourires.

-Comment se sent-on quand la femelle vient de rendre l’âme?

-Tais-toi, vile créature de l’enfer.

-Vile créature? Ha ha ha, dite plutôt que vous êtes perdu depuis cette perte qui vous fournira plus d’hybrides chauve-souris vampire.

-Je suis sûr que c’est de ta faute!

-Ma faute? Si vous ne m’aviez pas obliger a chaque fois de m’accoupler avec elle pour vous créer un élevage d’hybride chauve-souris vampire, dans un lieu aussi médiocre, elle serait toujours envie votre productrice!

-SILENCE! Je te ferais ravaler ta langue. Mais je ne suis pas là pour toi, mais pour le dernier de sa portée!

Mon père fronça des sourcils.

-Vous voulez encore enlever ma progéniture! Si vous croyez que je vais vous le refiler, vous pouvez toujours rêver! Je préfère mourir!

L’homme énorme éclata de rire devant l’affront de son esclave.

-Quel changement, bien avant tu te moquais de ce qu’il pouvait arriver à tes soi-disant progénitures. Mais après que celle-ci est morte, tu me refuses de me donner ton dernier bébé. À quoi ça va te servir de le garder? Tu crois avoir la capacité de t’en occuper? Tu es un hybride des plus pitoyables qui n’a pas levé le petit doigt pour tous ses autres enfants. Allons, ne fais pas l’idiot et donne-le-moi!

-Jamais!

Le vendeur furieux du refus de son hybride ouvrit la grande porte de la cage pour y pénétrer sa main. Comme accueil de son intrusion dans sa cage, son hybride lui mordit la main en faisant en sorte que ses crocs pénètrent sa chair. Le vendeur poussa un hurlement de douleur avant de fracasser son poing contre son agresseur. Je tentais de m’accrocher à la chevelure de mon père dont la tête fracassa un des barreaux. La secousse me fit tomber hors de mon abri devant l’homme.

-C’était donc là que tu te cachais! Viens ici petite chauve-souris!

Je poussais de cri de détresse en voyant cette énorme main voulant s’en prendre à moi. Mon père alerté par les cris se propulsa hors de la cage pour tomber sur l’homme. Les deux commençaient à se donner des coups, j’en profitais pour m’enfuir de ma cage en prenant ma forme d’hybride. Nu comme un ver, je prenais mes jambes à mon cou pour atteindre la sortie. Je ne m’arrêtais pas pour voir si mon père allait s’en sortir. Il m’avait indiqué les jours précédents que je devais tout faire pour m’échapper, même si je devais le laisser derrière. J’avais une chance de changer mon destin.

Pour une fois, je vis la lumière du jour. L’éclat du soleil m’obligeait à fermer les yeux, ne pouvant supporter cette forte lumière. J’avais vécu toute ma vie dans la noirceur que mes yeux n’étaient pas habitués à cette soudaine force. J’avais du mal à savoir où je me dirigeais quand quelque chose agrippa mon bras. Aveuglé par la lumière, je n’arrivais pas à bien distinguer celui qui me retenait prisonnier. Mon seul réflexe fut de me débattre telle une bête en montrant les dents. Seulement, mes efforts pour me libérer n’impressionnaient pas l’homme. Il me traina dans un camion pour m’y jeter à l’intérieur sans la moindre délicatesse. À peine je me relevais, les portes se refermaient sous mes yeux. Je frappais avec désespoir les portes en espérant qu’on vient à mon secours, mais personne ne vint.

Pour la seconde fois, je me trouvais derrière les barreaux. Cependant, dans un lieu bien plus accueillant que le précédent. Cet endroit était l’animalerie. L’homme m’ayant enlevé était tout simplement un mercenaire qui me vendit à l’animalerie. De nombreux regards se déposaient sur ma personne. Peut-être était-ce dû que j’étais nu étant donné qu’aucun vendeur n’était pas foutu à me trouver des habits. Bien des visiteurs tentaient d’approcher de ma cage, mais je tentais toujours de les mordre. Cette fâcheuse manie m’a valu la pire des réputations dans l’animalerie. Aucun humain ne voulait d’un hybride tel que moi. Jusqu’au jour où une jeune fille me piqua à l’aide de son parapluie pour éviter mon attaque. Me trouvant rigolo, elle m’acheta. C’est alors que j’ai rencontré mon premier maître.

-Ton vampire est ennuyant!

Un jeune homme croisa les bras devant sa sœur.

-Bien que je sois un admirateur des vampires, je ne comprends pas l’intérêt de m’acheter un hybride chauve-souris vampire? Si le gamin ne fait rien et tente que de me mordre?! J’ai beau lui avoir mis de magnifiques habits, il ne veut rien savoir! Tu peux te le garder ton vampire.

-Allons mon frère, ce n’est qu’encore qu’un gamin. Bien plus tard, je suis sûr qu’il t’apportera quelque chose.

-C’est non! Je veux que tu prennes ce vampire un point c’est tout! Je ne peux le supporter plus longtemps. Amuse-toi bien avec lui!

Je me trouvais dans la chambre de l’homme, bien en sécurité dans un coin toujours prêt à mordre. L’hybride de la jeune femme me jetait un regard sauvage, n’aimant pas mon comportement avec le frère de sa maîtresse. C’était un loup docile, dont ma venue en ce lieu lui avait peu plus. Il n’était guère heureux de savoir qu’il n’était plus le seul hybride de la maison même si nous avions des maîtres distingues. Je lui montrais mes crocs pour lui avertir que la moindre attaque, je ne me retiendrais pas. Je n’aimais pas ce lieu, à peine arrivé on m’avait obligé de porter des habits étranges et on avait tenté de me toucher. Je ne permettais personne à me toucher, surtout pas un humain. L’hybride me lâcha du regard quand sa maîtresse pénétra dans le lieu pour se diriger vers moi. Comme toute réponse, je montrais les crocs, mais elle n’était nullement terrifiée.

-À partir de maintenant, tu es mon hybride. Bienvenue parmi nous Adret.

Le loup grogna sous les paroles de sa maîtresse, me supporter était limite, mais là, savoir que j’aurais la même maîtresse que lui était insupportable. Quel que soit le maître, je n’allais pas pour autant lui offrir ma confiance.

La jeune femme tentait vaillamment de communiquer avec moi. Je me refusais de lui montrer des signes d’amitié, ne voulant qu’une chose, l’attaquer avec mes crocs. Un jour, alors que je tentais de la mordre, mes crocs atteignaient son doigt. Comme une bête assoiffée, je commençai à lui voler quelque goutte de sang. Le goût du sang dans ma bouche était une première, je me sentis étrangement bien que j’en voulais plus. Voyant que j’appréciais son sang, elle me fit un contra. En échange de son sang, je me devais de me montrer plus amical. Je le fis, c’est à ce moment précis que mon caractère se construisit.  

Je grandissais auprès de sa maîtresse qui s’avérait être douce. C’était la première fois que je découvrais une personne aussi gentille, j’en développais une affection pure et simple. Par contre, un certain loup m’observait avec rancune, n’aimant pas voir que je lui volais sa maîtresse et j’aspirais sa source de vie. Une nuit, il nous avait surpris à nous caresser mutuellement pour offrir du plaisir à l’autre. Il éclata une haine noire envers moi. Le jour suivant, il s’approchait de moi avec les yeux en feu. Il m’empoignait sans retenue par le collet pour me coller avec force contre le mur. Son regard jaune croissait mes pupilles rouges.

-Salaud! Je ne te permettrais pas de toucher une seconde fois ma maîtresse!

-Ta maîtresse? Je te signale qu’elle est aussi ma maîtresse mon toutou.

-JE NE SUIS PAS TON TOUTOU.

-Du calme toutou, sache que c’est elle qui a voulu ce que tu as vu de tes propres yeux. Je n’ai que suivi les autres en échange de son sang.

-Espèce d’ordure! Je ne te permets pas de voler le sang de ma maîtresse!

Doucement, je lui retirais ses mains sur mon habit pour glisser mes mains le long de ses bras. Je lui jetais un regard séducteur.

-Si tu veux que ta maîtresse ne donne plus son sang, alors laisse-moi prendre le tien.

Sans lui avertir, j’approchais mes crocs de son cou pour enfin goûter à son sang. Hélas, au moment où mes crocs allaient pénétrer sa chair fraiche, il me repoussa violemment. Je pouvais voir dans son regard de la terreur, rien de très surprenant. Un sourire narquois se dessinait sur mes lèvres.

Spoiler:

-Tu vois, tu n’y peux rien.

Après cette démonstration de faiblesse du toutou, je me trouvais être la cible de ses blagues de mauvais goût. Le pire dans tout ceci est que je me prêtais à ses moqueries. Le faisant souffrir autant qu’il me le faisait en retour. Notre vie tournait autour du malheur de l’autre jusqu’au jour que ce toutou me sautait dessus pour me renverser sur le sol. Il me retenait contre le sol avec un regard rempli d’une haine violente.

-C’est de ta faute!

-Mais de quoi racontes-tu? J’ignore ce que tu racontes mon petit toutou.

Je vins lui caresser la joue avec un air moqueur, mais il me la retira vivement en me montrant les dents.

-Par ta faute, ma maîtresse ne veut plus de moi! Je te hais sale suceur de sang!

J’ignorais ce qu’il me racontait. Jusqu’à ce que j’apprends par la bouche de notre maîtresse que le toutou allait partir. Elle trouvait trop dur de s’occuper de deux hybrides qu’elle avait décidé de se débarrasser du loup. Je ne ressentais aucune pitié pour ce canin, j’étais même heureux de m’en débarrasser une bonne foi pour toute. Hélas, mon jour vint tout autant, ma jeune maîtresse m’apprit de ses lèvres narquoises que j’allais être acheté... elle avait menti. Elle s’était servie de moi pour me rendre docile et apte à être adopté à un autre pour un paquet d’argent. Je lui jetais un regard noir.

-Je ne t’oublierais pas! Tes douces paroles remplies de mensonge, elle restera gravée dans ma mémoire.

Pendant que j’attendais le moment où on viendrait me chercher, j’attrapais un ciseau et je commençais à couper cette chevelure que j’avais laissé couper pour cette femme. Soi-disant qu’elle aimait les hommes aux cheveux longs. Je voulais retirer toutes traces d’elle sur mon corps... pour enfin me diriger vers une nouvelle histoire. Quelque temps après, deux hommes robustes m’attrapèrent pour me jeter dans une cage, au lieu de me porter dans une animalerie, je me retrouvais dans un lieu sombre appelé le marché noir.