Je suis né dans une poubelle.

... Dit donc, dit comme ça, ca aurait presque de la gueule non? En vérité, je ne sais pas vraiment où je suis né... Ni même quand. C'est les autres gars de la rue avec qui j'ai traîné une partie de ma vie qui me sortait ça parfois pour me provoquer ou me taquiner.
En faites, il y a deux possibilités. Soit je suis l'expérience un peu bizarre de scientifiques maboules, soit mes deux parents sont hybrides... Je ne suis pas né humain ça c'est sur! je peux prendre une apparence toute humaine et me transformer en Jackalope, une espèce de lièvre avec des bois de cerf... Avec l'impression d'être compressé dans mon propre corps, mais du moment que ça marche...
Ensuite, si j'étais une expérience, comment me serais-je retrouvé au milieu d'ordures dans une ruelle abandonnée? On m'aurait tué de suite si on ne voulait pas de moi, ou garder vivant pour m'étudier avant de me vendre, quand bien même n'étais-je pas un "beau hybride"...
Je pense que je suis né de parents hybrides, et là encore, pourquoi suis-je tout seul? Ils m'ont abandonné, ou ils n'ont pas eu le choix? Je ne l'ai jamais su... Ce que je sais, c'est que j'ai été ramassé par une bande d'hybrides rebelles un poil zonard qui ont eu la drôle d'idée de s'occuper d'un bambin de trois ans à leurs estimations! Drôle d'idée qui m'a sauvé la vie quand même...

Bon, je crois avoir assez parlé des mystères entourant ma naissance. Le reste de ma vie est... Assez ennuyeuse. Enfin pas vraiment, les chroniques d'un petit vagabond pourraient être intéressantes, mais surtout longues. J'ai passé mon temps avec cette bande de loubard, vivant de nourriture trouvée ou volée, de cachette sous les bancs et dans un arbre. Certains disparaissaient, d'autres mourraient et des malheureux étaient attrapés par les mercenaires, notre hantise à tous... Ou plutôt la mienne; la bande les haïssaient... Ils n'aimaient pas grand monde à part eux-même de toute manière... Au fil du temps, tout naturellement, on s'est séparé et à douze ans, j'ai été livré à moi-même. Ca ne faisait rien, ce n'était pas comme si je les avais considéré comme une famille... J'aurais pu, mais ils ne m'ont jamais donné cette occasion. On ne m'avait même jamais donné un prénom! Un nom rien qu'à moi, une identité... J'étais juste le gamin de la rue, battant le pavé en préparant son larcin...
Je vous laisse imaginer la suite: Vol à l'étalage, fuite à travers les ruelles bétonnées, m'endormant là où je le souhaitais, l'insouciance se mêlant de cette peur viscérale d'être un jour attrapé! On m'avait brossé un tableau vraiment peu enviable de tout ça, et mes cauchemars se teintaient de barreaux, de flammes et de monstres humanoïdes aux sourires cruels! Pourtant, ma vie "banale" a changé, un jour comme ça... Ces jours qu'on ne voit jamais arriver.

Où plutôt, une nuit. Minuit, l'heure du crime je m'étais aventuré dans une maison dans le but d'y voler de la nourriture... je faisais de mon mieux pour ne pas faire de bruit, mais peut-être car le propriétaire était de ses hommes au sommeil léger, il m'avait pris sur le fait, fermant la porte derrière lui.
La confrontation, le gout du danger... La peur. Dans la panique, j'ai changé d'apparence, pour pouvoir être moins saisissable, m'enfuir dès que je le pourrais... Pourtant le vieil homme se contentait de m'observer... Avant de me tendre une carotte.

-Tiens, je suppose que vu ton espèce, un hybride comme toi préfères les légumes? Même si les bois sur ta tête... Je n'avais jamais vu ca!

Un cliché énorme... Et choquant. Il a ouvert la porte, me permettant de filer, à condition bien sûr que je ne revienne pas commettre mes forfaits chez lui.
Je suis resté.
Avoir un maitre... M'avait toujours terrifié. Mais je ne le considérais pas comme tel, car il ne me voyait pas comme un objet. Il aimait me surnommer de sobriquet stupide et mignon, comme si je n'étais qu'un animal de compagnie! Peut être me voyait-il plus ainsi qu'un être humain à part entière... Mais il adorait les animaux, donc il m'aimait aussi. Sa plus belle preuve fut de me donner un prénom, Tamiël et me permettre d'endosser son nom de famille...

Ah, quelle chance pour un hybride d'avoir le gîte et le couvert et d'être aussi bien traité, n'est-ce pas? Quelques années paisibles et tranquilles... Mais tout a une fin.
Mon "maitre" était très vieux et malade... Dans ses derniers jours, j'ai tenté de le soigner, jusqu'à finalement appeler des médecins... Trop tard.
Caché sous un meuble, sous la forme d'un pauvre lièvre cornu, j'observais les "autres humains autour de lui... J'ai entendu le mot "mort"; j'avais appelé trop tard, au dernier moment, terrifié de faire venir des humains.
Ma couardise l'avait tué. C'était mon point de vue. Ignorant ma prudence, j'ai bondi hors de ma cachette, pleurant sur son corps... Combien de temps? Je n'en sais rien... Assez pour qu'on appelle un chasseur qui m'endormit aussi facilement qu'on vole une sucette à un bébé...

Mon histoire s'arrête-là, ou presque... Mais la suite des évènements sont sans intérêts... Je suis resté coincé dans une cage à l'animalerie où j'ai hurlé et rué pendant des jours. La lassitude a eu raison de moi, mais je crois bien qu'ils veulent me mettre au marché noir. Un hybride "libre" soudainement enfermé et aussi agité ternirait l'image des magasins... Honnêtement, je m'en moque, j'attends voir ce que la vie va m'offrir... Ou me prendre.