« Je suis né à Kogame, il y a  17 ans déjà. J'étais un petit garçon heureux qui vivait aux côtés de ses parents. Ma mère et mon père me comblaient de bonheur avec le peu qu'ils avaient. En effet, ma famille était pauvre. Mon père était malade, et avait donc du arrêter de travailler. Il passait son temps allongé dans son lit, car son état s'aggravait de jour en jour. Ma mère quant à elle, était au chômage et s'occupait de lui la journée. Nous n'avions donc pas beaucoup d'argent pour subvenir à nos besoins: ma mère était obligée de voler la nuit. J'ai toujours été contre le vol, mais c'était la seule solution pour notre survie..
Puis un jour, mon père mourut. C'était un déchirement pour moi. C'était la première personne que je perdais. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je ne me suis plus occupé de moi. J'ai perdu du poids.. Je suis devenu frêle. Je ne sortais plus de ma chambre et passais mes journées allongé dans mon lit, à penser, penser que ce n'était qu'un mauvais rêve. Je me donnais des claques au visage pour me réveiller. J'ai réalisé que c'était du vrai, que je n'étais pas dans un cauchemar lorsque j'ai pris un couteau et que je me suis ouvert le bras. Ma première blessure que je me faisais. Comme si je ne souffrais pas assez. Je saignais abondamment. Je suis sorti de ma chambre, mais ma mère n'était pas là, sans doute partie voler des choses dans la rue. Je me suis donc fais un bandage avec ce que j'ai trouvé dans la maison. Je me suis assis dans le fauteuil où mon père avait l'habitude de s'installer le soir pour lire ses romans policiers préférés puis j'ai attendu. Attendu le retour de ma mère. Sauf qu'elle n'est jamais revenue. Je suis resté là, recroquevillé dans le fauteuil durant plusieurs jours. Mon coeur se brisait. Je compris que j'étais seul. Seul au monde. Personne pour m'aider. Une nouvelle plaie en moi.. Je savais que je n'allais pas supporter cette seconde perte. Alors.. j'ai couru dehors et je suis allé dans la forêt qui est toute proche de chez moi... Puis, j'ai couru pendant des heures et des heures. Je m'enfonçais un peu plus dans les bois, je ne savais pas où j'étais.. J'avais mal au coeur, et à mon bras, je faisais des grimaces et me retenais de crier de douleur. Puis soudain, il y eu un calme complet dans la forêt. La nuit tombait, les animaux dormaient, et la lune brillait dans le ciel noir. Je suis monté en haut d'un arbre pour me reposer, et j'ai regardé la lune. Une étrange sensation venait en moi.. J'étais fasciné par cette belle forme ronde dans le ciel sombre. Les parfums de la nuit me rendaient fou. Je me calmai peu à peu. Puis j'entendis une chouette hululer au loin. J'aperçus enfin ses yeux jaunes dans l'ombre. Elle me regardait avec un air.. Je ne saurais expliquer. Puis sans raison, elle s'est enfuis. Je suis descendu et l'ai suivi. J'ai couru pour ne pas la perdre, mais elle a fini par se cacher. Le silence s'installa, et j'entendis des pas derrière moi. Je n'eus pas le temps de faire volte-face qu'on m'assomma. Je repris enfin connaissance. Je me trouvais dans un endroit qui m'était inconnu. Les murs blancs, les lumières aveuglantes au dessus de moi, les hommes en blouses blanches.. Plus j'observais, plus je comprenais. J'étais enfermé dans une cage, dans une pièce glaciale avec une odeur malodorante. Je me suis blotti dans le coin de la cage, essayant de me rappeler. Quand je voulu me relever, je sentis que quelque chose de différent à mes mains.. DES GRIFFES ! Mon coeur battit à mille à l'heure, j'étais terrifié. Etais-je.. Devenu un monstre ? Alors, on m'avait enlevé ? Puis transformé en hybride ? Nan, c'était un cauchemar. J'essayais de me rassurer, de me calmer mais impossible. J'avais des convulsions de partout et je retombai net sur le sol de ma cage.. Quand je me réveilla, j'étais encore dans cette cage. Cette fois, plus aucune trace des hommes. Je ne pensai qu'une chose: m'échapper. Je découvris alors d'autres changements: des crocs à la place de mes belles dents blanches d'humains. Je voulus crier au secours, mais tout ce qui sortait de ma bouche, c'était le hurlement d'un loup. Horrifié, je compris qu'on avait tenté de me croiser avec un canidé. Mais apparemment, l'expérience avait raté, puisque je n'avais pas l'apparence de l'animal, juste quelques "atouts" comme ils disent si biens. Je regarda autour de moi, mais rien ne pouvait m'aider à ouvrir cette cage. Aucun objet à porter de main.. Une idée m'apparut soudain. Pourquoi ne pas utiliser mes atouts ? Je tenta de mordre le grillage, mais c'était trop dur et j'allais me faire mal. Je me suis dis que mes griffes pourraient m'aider mais je ne sus pas trop comment.. Puis enfin je trouva la solution. Je m'allongea sur le sol, et pris mauvaise mine. J'hurla de toutes mes forces, et les scientifiques apparurent.

Il est enfin réveillé ! Il s'approcha près du grillage et dit d'un air déçu. L'expérience a échoué.

Quel gâchis ! ajouta son compagnon.

L'autre ajouta: Bon, direction l'animalerie ! Il va falloir qu'on revoit le schéma de notre expérience. J'ai du mal à voir où on a foiré.

Lorsqu'ils ouvrirent ma cage, je me redressas d'un coup et les hommes paniquèrent. Ils essayèrent de me calmer et de m'éloigner d'eux, mais je m'approcha d'eux. Je me rendis compte qu'à quatre pattes, je me déplaçais plutôt bien. Je bondis sur l'un d'entre eux et lui mordit son bras de toutes mes forces. L'homme hurla et partit en courant. Je m'attaquai au second en le mordant au visage. Un autre homme derrière moi tentait de m'éloigner, en poussant des cris affolés. Je lâchai prise voyant que de toute façon il ne survivrait pas, et fit volte-face. Je bondis sur cet humain qui m'avait modifié et transformait, et le plaqua au sol. Je lacérai son ventre avec mes griffes et lui mordit les épaules. Il se débattait plutôt bien, mais je fus plus rapide. Je cherchais avec sauvagerie son cou, et lui donnai le coup de grâce. En regardant les deux hommes baignant dans leur sang, je me raidis et me dis qu'il avait fait de moi un monstre. Le goût du sang ne me déplaisait guère et m'excitait. Je me lécha les babines et pris la porte en courant. Je m'enfuis à quatre pattes vers la forêt, vers ma maison.

Des mois passèrent, et j'essayais d'oublier. Je ne sortais plus, j'avais peur qu'on me retrouve, et qu'on m'enferme. J'étais devenu un monstre. Puis un jour, j'en eu marre de la solitude. Je suis sorti. D'abord dans les bois, et maintenant je vais en ville mais je n'y reste jamais longtemps.

La lecture est devenue mon passe-temps. Je lis de vieux bouquins, je me plonge dans des histoires qui me font oublier la mienne. Je garde encore des cicatrices sur mon bras, et mon coeur est toujours brisé. Un jour peut-être j'arriverai à recoller les morceaux, et à refaire ma vie.. Pour l'instant, je me cache pour éviter de me faire capturer. J'ai de la chance que ma maison se situe dans un endroit un peu paumé. Et oui, pas grand monde habite près de la forêt ! J'évite d'aller en ville, mais je suis bien obligé pour aller y chercher des vivres..

La forêt voisine regorge de gibier, mais je ne souhaite pas devenir une affreuse bête. Enfin, c'est peut-être mieux d'être un animal qu'un humain ? Ces derniers sont sans pitié. La preuve, ils transforment de pauvres gamins en créatures abominables sans valeur, et sans intérêt. Je ne vais pas vous attarder la dessus. Maintenant que vous connaissez mon histoire, laissez-moi en paix. Je vais finir de lire un livre et ensuite j'irais faire un peu de rangement dans ma chambre. »

(Merci à Amaëlle de m'avoir aidé pour corriger mes fautes. ;) )