● Hades' loyal watchdog who guarded the gates of the underworld ●
Je suis né le 6 août 2031 et j’ai été créé par le Dr. Osamu Yamada, que je considère comme mon père, et son équipe. Je me trouve à être la troisième version d’un hybride cerbère. Le docteur Yamada m’a expliqué il y a très longtemps que le premier de ma race a été un échec total, il n’était pas viable à long terme. Le deuxième était prometteur, mais il s’est avéré qu’il pouvait cracher du feu et comme n’importe quel être vivant, il n’y était pas immunisé. Il est mort suite à des brûlures sévères. Père et son équipe fondaient donc de grands espoirs en moi.
J’ai grandi normalement, j’étais en parfaite santé et aucune anomalie n’a été détectée. Les scientifiques m’ont gardé à l’écart des autres hybrides jusqu’à mes cinq ans. Ils voulaient être certains que je ne constituerais pas une menace pour moi-même et pour les autres hybrides. Bien que j’étais encore qu’un enfant et que je ne constituais pas une menace réelle à ce moment-là, il ne faut pas oublier que je suis un cerbère. Comme le numéro 2, j’aurais pu me mettre à cracher du feu et succomber à mes brûlures. Mon père disait souvent qu’il valait mieux être trop prudent que pas assez.
Les jours se succédaient et étaient semblables, j’avais une routine et cela me convenait parfaitement. À 7:00 je me réveillais, je prenais une douche, puis m’habillais avant d’aller au réfectoire réservé aux hybrides. De 8:30 à midi, j’avais des cours sur divers sujets entrecoupés de petites pauses de 10 minutes. Après les cours, j’avais quartier libre jusqu’à 16:00 où je devais passer une batterie de tests (sanguin, physique, d’intelligence, etc.). Puis j’avais de nouveau quartier libre jusqu’à l’extinction des feux qui étaient à 21:00.
Durant mes temps libres, je dévorais les livres que Père m’apportait. Je pouvais rester des heures durant dans ma chambre un livre à la main, me plongeant complètement dans l’histoire à un tel point qu’habituellement je perdais la notion du temps. Heureusement, il y avait Issei, un hybride de deux ans mon aîné avec qui je m’étais lié d’amitié. Comme nous avions tous les deux le même horaire, il venait me chercher pour les cours et lorsqu’il était temps d’aller passer nos tests. Je devais avoir 11 ou 12 ans lorsque les scientifiques décidèrent qu’il était temps pour Issei de partir pour l’animalerie, décision qui m’attrista.
Je continuai toutefois à vivre ma vie tranquillement et j’aurais voulu continuer ainsi, mais je suppose que le destin en a décidé autrement. Un jour, alors que j’avais 16 ans, trois scientifiques entrèrent dans ma chambre en me disant qu’il fallait que je les suive. Obéissant à l’ordre, je les suivis jusqu’à une pièce où je n’avais jamais été auparavant. Leur demandant ce qu’il se passait, l’un d’eux me répondit qu’il était temps pour moi d’avoir un maître. Beaucoup d’hybrides avaient déjà quitté le laboratoire, des hybrides plus jeunes que moi, mais je ne m’étais jamais posé de question sur le sujet. Je me disais que les scientifiques devaient avoir une raison pour me garder. Et puis, je ne m’en plaignais pas, loin de là.
–Où se trouve le Dr. Yamada ? Je voudrais le voir avant de partir.–Il est mort pendant la nuit. Et comme il n’est plus de ce monde, il ne pourra plus s’opposer à ton départ pour l’animalerie, me répondit l’un de ces hommes de science.
● Cerberus allows only the spirits of the dead to freely enter the underworld, but allows none to leave ●
Ce fut ainsi que je me retrouvai à l’animalerie pour la première fois. Moi qui étais habitué à un lit dans une chambre propre, de me retrouver dans une cage fut assez déroutant. Je n’étais pas sûr d’apprécier ce traitement, et ce, même si je savais que mon opinion n’intéressait personne. Après tout, je ne suis qu’un hybride, une créature inférieure à l’Homme.
Je n’attendis pas bien longtemps avant qu’un jeune homme dans la vingtaine m’acheta. Il avait l’air gentil, il affichait un visage calme et un sourire rassurant. Je me disais que j’avais de la chance de tomber sur un maître comme lui, mais je n’aurais pas pu me tromper à ce point. Mon cher acheteur, Lawrence Anderson, était violent physiquement et mentalement. Il n’hésitait pas à crier ou à me frapper, que j’aille fait quelque chose pour mériter un tel traitement ou non. En plus d’être violent, j’étais consigné à domicile, il m’était interdit de sortir. Moi qui n’avais pu voir le monde extérieur que deux fois, la première étant en me rendant du laboratoire où j’étais né jusqu’à l’animalerie et la deuxième fut lorsque mon maître m’emmena jusqu’à chez lui. Au laboratoire, j’avais vu plusieurs photos du monde dans des livres, mais voir des arbres, des automobiles et le ciel de mes propres yeux étaient quelque chose d’unique, c’était plus impressionnant que des photographies.
Je me rappelle d’un soir en particulier où il rentra à la maison plutôt éméché en plus d’empester l’alcool. Il commença à m’accuser de tous ses maux, de me dire que j’étais un démon, une créature venue tout droit des enfers. Je suis peut-être un cerbère, mais je ne suis pas un démon pour autant. J’avais l’impression qu’il me prenait pour le mal incarné. Comme à son habitude, il me frappa, mais ce soir-là, il ne me frappa pas qu’une fois. Il continua jusqu’à ce que je me retrouve recroquevillé au sol. Tentant de me protéger en levant les bras, cela sembla le mettre encore plus en rogne. J’avais peur, très peur. Lawrence me sembla encore plus violent et fou qu’à l’habitude. Les coups pleuvaient sans qu’aucun répit ne me soit accordé, alors qu’une chaleur monta dans ma gorge progressivement, mais surtout rapidement. Cette sensation étrange ne fit qu’augmenter ma frayeur et avant que je ne sache comment, des flammèches sortirent de ma bouche. En me voyant cracher du feu, mon agresseur arrêta de me tabasser, ce fut au moins ça. Mais cela ne me réjouit aucunement, car les paroles de mon pères étaient tout ce que j’avais en tête.
–Le numéro 2 pouvait cracher des flammes, mais il n’y était pas immunisé. Nous avons tenté de le sauver en vain, il est mort suite à ses brûlures.Ces paroles me firent paniquer, ce qui n’arrangea pas mon cas. Mon cœur battait si fort et si vite que j’avais l’impression qu’il allait sortir de mon torse. Je me disais que j’allais mourir brûler tout comme Numéro 2 ou d’une crise cardiaque, mais quand je compris que je ne brûlais pas, je finis par me calmer. Bon d’accord, mes vêtements prirent feu, mais je ne ressentais pas la morsure des flammes, tout ce que je sentais était une douce chaleur qui m’entourait. Certains auraient vu en moi une arme, d’autres un danger pour leur sécurité. Et mon maître se trouvait dans la deuxième catégorie.
Peu après cet incident enflammé, il m’informa de son intention de se débarrasser de moi, ce qui me convenait parfaitement. Nous montâmes dans sa voiture pour nous rendre à l’animalerie où nous n’arrivâmes jamais. Nous eûmes un accident sur la route et nous perdîmes connaissance. Lorsque je revins à moi, je ne souffrais que de blessures mineures et je décidai de ne pas attendre les secours ou que Lawrence reprenne ses esprits. Je sortis tant bien que mal de l’automobile et pris ma forme animale pour me mettre à courir, n’ayant aucune idée où j’allais. Je courus pendant ce qu’il me sembla des heures, alors que ce ne furent certainement que des minutes, pour finalement me retrouver en bordure d’une forêt. Je m’y réfugiai en espérant ne pas me faire capturer par un humain quelconque et me retrouver de nouveau en vente dans une cage. Avoir vécu pendant plus d’un an avec un maître était bien assez, je ne voulais pas retomber sur un sadique qui s’amuserait à me battre à la moindre occasion.
● In the Third Circle of Hell, he oversees and rends to pieces those who have succumbed to gluttony, one of the seven deadly sins ●
Je restai sous ma forme animale pendant des jours, voire des semaines. J’ai dû apprendre à me débrouiller, à chasser le petit gibier, mais surtout à survivre. Un jour, alors que j’étais à la poursuite d’un lapin, je déclenchai un piège et me retrouvai dans un filet suspendu dans les airs. Me débattant en grognant, je tentai de me libérer en vain. J’essayai même de cracher du feu, mais rien ne sortit. Pourquoi, lorsque j’en avais besoin, je n’arrivais pas à enflammer ce filet ? Confus et anxieux de savoir ce qui allait m’arriver, j’attendis que ceux qui avaient posé ce piège daignent se montrer. Après quelques minutes d’attente, un hybride dragon arriva. Sous le coup de la surprise de voir un hybride, je repris ma forme humanoïde.
–Hey toi ! Aide-moi à sortir !–Et pourquoi je ferais ça ? Qu’est-ce qui me dit que tu n’es pas un mercenaire ?–Parce que j’ai l’air d’être un humain selon toi ? lui demandai-je, ne comprenant pas pourquoi il m’accusait d’être dans le camp ennemi.
–Les hybrides aussi peuvent être mercenaires.–Quoi ?! Depuis quand ?!Le dragon, dont le nom était Nowaki, finit par me libérer en me disant
« Tu es trop stupide pour être un mercenaire. » S’en suivit des cris et des insultes venant de ma part, surtout en tombant lourdement au sol lorsqu’il coupa la corde qui retenait le filet dans les airs. Au fil du temps, nous devînmes amis, puis amants. Nous n’étions pas en amour, nous avions une très grande complicité et amitié, et parfois nous partagions le même lit. Nous faisions les quatre cents coups ensemble, nous jouions avec le feu en allant en ville pour embêter les humains et voler de quoi nous vêtir ou tout simplement pour le plaisir. Ayant la dent sucrée, je me rendais souvent dans les confiseries de la ville ou même à l’école dans l’intention de voler les bonbons que les jeunes humains achetaient/apportaient avec eux. Ce fut ma gourmandise qui causa ma perte.
● Cerberus was lulled to sleep after being tricked into eating drugged honey cakes ●
Je m’émerveillai un peu plus chaque jour que je passai en étant libre. Je découvrais comment fonctionnaient les objets qui remplissaient le quotidien de l’Homme. Par exemple, comment appeler quelqu’un avec un cellulaire, volé bien entendu. Je savais comment faire théoriquement, mais le simple fait de le faire pour de vrai m’extasiait. Je me promenais souvent en ville, portant une veste avec une capuche ou un chapeau pour cacher mes cornes et enroulant ma queue autour de mes hanches, ce qui n’était pas très agréable, mais nécessaire si je ne voulais pas attirer l’attention sur ma petite personne. À chaque petite escapade en ville que je faisais, je prenais bien soin de ne pas me faire suivre sur le chemin du retour. Et lorsque j’arrivais dans la forêt, puisque je ne rencontrais jamais personne, je retirais la veste ou le chapeau que je portais et libérais ma queue de diable.
Or, pas plus tard qu’hier, je me rendis compte qu’une personne me suivait dans la forêt. Je la menai tout droit vers un des nombreux pièges de Nowaki et elle tomba dans un trou d’environ trois mètres de profondeur. Allant voir qui me suivait, je reconnus Issei, un hybride bélier qui était mon ami au laboratoire où nous avons été créés et que je n’avais pas revu depuis plusieurs années. L’aidant à sortir de là, il me proposa un morceau de gâteau au miel, pour fêter nos retrouvailles. Acceptant avec joie, nous nous assîmes au sol et entamâmes une conversation, alors que je mangeais le gâteau au miel, qui était très bon en passant.
Après un moment, j’eus fini de manger et comme le soleil était de plus en plus bas à l’horizon, je décidai qu’il était temps de quitter la compagnie de mon vieil ami pour rejoindre Nowaki qui devait se demander où j’étais. Faisant mes adieux à mon interlocuteur, je me levai avec l’intention de partir, mais je me retrouvai bien vite de nouveau au sol. J’avais l’impression que tout tournait autour de moi et j’avais de la difficulté à garder les yeux ouverts puisque ceux-ci se fermaient d’eux-mêmes. Ne comprenant pas ce qui m’arrivait, je tournai mon regard vers Issei et ce fut son regard rempli de remords que je vis en dernier avant que la drogue dans le gâteau au miel ne fit complètement effet.
Je me suis réveillé il y a peu de temps et cela ne me prit pas beaucoup de temps avant de reconnaître l’endroit où je me trouve, l’animalerie. Dans ma petite cage, je m’apitoie sur mon sort en me disant que finalement, je suis peut-être un échec tout comme Numéro 1 et Numéro 2. Après tout, bien que je sois un cerbère, je ne ressemble en rien à un chien de garde, je suis d’une trop petite corpulence. Mon premier maître m’enfermait dans sa demeure, je n’étais pas celui qui régissait les entrées et sorties. Néanmoins, je peux cracher des flammèches. Bon d’accord, ce n’est arrivé qu’une fois et depuis, je ne suis pas capable de reproduire cet exploit qui pourrait m’être bien utile. De plus, je ne punis pas la gourmandise, j’y succombe et je viens d’en payer les frais. Me voilà de nouveau à vendre pour mon plus grand malheur.