Lohal a vu le jour entre les murs d'un élevage luxueux d'hybrides félins. Après tout, on dit que plus c'est gros, plus c'est cher. Il passa ses premiers mois contre sa mère - fils unique d'une belle femelle tigresse pure, dont la lignée n'était pas à discuter. Ainsi, il fut remis à un autre élevage en tant qu' "échange" pour ne pas engendrer un trop plein de mêmes gênes - au risque de voir trouble mentale et problème de santé. Par ses ancêtres, le petite nourrisson qu'il était avait déjà un grand avenir, celui d'un mâle reproducteur qui se donnerait pour plusieurs saillies afin d'obtenir une descendance des plus réputés. On prit donc soin de lui, comme un petit prince, un petit oiseau enfermé en cage.



A 6 ans, le petit roux était déjà un vrai polisson. Il courait partout au point qu'on le croit hyperactif. Les nourrices lui courraient après, les précepteurs ne cessaient de lui faire des reproches, les maîtres en avaient plus qu'assez d'entendre parler de ce gamin. Pourtant, personne n'y faisait quoi que ce soit car Lohal était alors, la "bête", la "chose", la plus précieuse, le number ONE de l'élevage. Pourtant, il ne pouvait pas le supporter, avant d'être une bête de foire, c'était bien un fauve, un vrai. Même s'il avait du mal à contenir sa deuxième forme, ses pulsions animales et son appétit d'ogre le montrait bien. Il était d'ailleurs l'un des rares dans son espèce, Panthera tigris amoyensis, le tigre de chine méridionale. En grandissant, il ne changea pas le moins du monde, enchaînant les pires âneries et les coups-bas en espérant qu'on finisse par ne plus vouloir de lui. Développant par la même occasion, un caractère insolent et agressif qui finit par ne plus le quitter. Il devait avoir 13 ans pour sa première fugue. D'ailleurs, il les enchaîna au point de ne plus s'amuser à les compter.


La fin de sa vie de prince arriva vite. Lohal - dont le caractère devenu presque effrayant avait empiré - avait finalement osé le pire en agressant la fille de Monsieur et Madame. L'hybride l'avait envoyé à l'hôpital avec l'épaule broyée. Comme un tigre, il avait agit par instant quand cette folle de femme avait tenté de le toucher. Mais qui pourrait croire ses paroles, lui qui avait les lèvres humides du sang d'un être humain. De toute manière, qu'on l'ait cru ou pas, un esclave reste un esclave. Heureusement pour le félin, il ne fut pas piquer mais envoyer en camp pour 6 mois - 6 affreux mois - avant d'être posé sur le marché.

Classé hybride dangereux, il arrivait pourtant à attirer plus d'une personne, passant de main en main. Dont une certaine demoiselle qui finit par le prendre avec elle à son tour. A son dé-plaisir. Elle s'appelait Amber. Aujourd'hui, il cauchemarde rien qu'en entendant son nom.



Durant une fraction de seconde, Lohal se prit à se demander comment il en était arrivé là. Comment il avait finit sur ce fauteuil, à se faire lacérer le bras depuis 4 heures pour faire plaisir à une.. folle. Dire qu'elle était folle était peut-être un peu trop, peut-être mentalement détraquée serait le mot. Le tigre était finalement devenu ça, plus qu'un esclave, un vil animal de compagnie qu'on tripoté comme un chien. Tout d'abord, sa proprio l'avait emmener chez elle parc'qu'elle pensait que c'était un fucking lion. Et depuis, c'était devenu ça, il subissait une blonde habillée comme une tepu qui lui sautait de matin au soir à la figure en l'appelant Simba si ce n'était pas quand on lui marmonnait à l'oreille l'air bien connu de Bob Marley Lion Zion. Et aujourd'hui, il atteignait ses 21 ans, pour fêter ça, sa super maîtresse lui avait offert 5 séances de torture durant lesquelles il se ferait tatouer un bras entier de signes tribaux dans tous les sens.

2 ans qu'il était dans se foutu pétrin. Le pire c'est qu'il aimait ça le fou.


Le cris retentit dans tout l'appartement, suivit de l'échos d'une gifle monumentale. Face à face, un grand roux, la main douloureuse et le regard rageux posé sur une jeune femme aux joues humide. Il n'y pouvait rien, Lohal était sensible et irréfléchie, sa gifle était partie toute seule, mais comment réagir autrement face à sa "maîtresse" et "amie" qui tombait en depression comme du plomb du haut d'une falaise. Il savait pourquoi elle était comme ça. D'un autre côté, quand tu découvres que ta petite amie habite avec un inconnu depuis près de 5 ans, on pouvait pas faire autrement que casser. En toute hâte, Lohal embarqua quelques affaires et se fit sac bien banale avant de pointer la pauvre dame du doigt.



« Pourquoi je pourris encore dans ce trou. On est quel jour aujourd'hui ? Ah, intéressant, ça fait donc presque 7 mois. Quelqu'un pitié, j'veux pas crever là. Puis j'ai des choses à faire dans l'monde du dehors. J'ai même pas pu prendre des nouvelles de Amber - en espérant qu'elle s'est pas crevée cette crétine. De toute manière, j'risque la petite piqure dans pas longtemps, vu le mec que j'ai défoncé l'autre fois. Rah lala, j'm'étais promis d'y aller doucement… »

Aujourd'hui, Lohal se sentait fou, donc il se parlait tout seul. Il croupissait dans les fins fonds des produits, le coin un peu "grosse merde bouveteuse" de l'animalerie. La raison était simple, il avait tenté de bouffer le bras d'un nouveau pauvre innocent. Et il assurait qu'il ne regrettait pas son geste, ce qui lui avait voulu trois tartes et un pied en pleine face suivit de sa petite cage qui puait. Sans maître depuis plus de 6 mois, il avait vraiment envie de se casser et d'ailleurs - s'il évitait la piqure, il serait homme comblé.