« Je pourrais vous dire que j’ai eu une enfance merdique. Que mes parents n’ont jamais voulu de moi et qu’ils me détestaient comme si je n’étais qu’une simple bouche à nourrir. Je pourrais vous dire que j’ai vécu dans un orphelinat durant tout mon jeune âge et que mes parents adoptifs me battaient. Mais non. Je n’ai pas eu une vie aussi triste qui brise les cœurs lorsqu’on la raconte. Je déteste qu’on ait pitié de moi… »


- Je suis désolé madame, nous devrons pratiquer une césarienne.
- QUOI ?!

La jeune femme sentit les larmes lui monter aux yeux. Pourquoi elle ne pourrait pas avoir un accouchement normal et sans douleurs qui ne laisserait que quelques petites cicatrices ? Elle ne voulait pas d’une césarienne, mais elle ne voulait pas non plus laisser son enfant mourir en son sein. Son regard s’attarda un moment sur son ventre gonflé avant de chercher les yeux de son mari. Elle voulait son soutien, son amour. Celui-ci vint lui caresser ses cheveux humides, allant jusqu’à lui embrasser le front.

- Il faut faire ce qu’il y a à faire mon amour. Ce n’est pas parce que tu auras cette cicatrice au ventre que je ne t’aimerais plus voyons.

Elle hocha la tête, se sentant stupide sur le coup. Comment avait-elle pu penser à son apparence avant la vie de son enfant ? Son accord donné, les infirmiers l’emmenèrent dès lors en bloc opératoire, laissant le mari dans l’attente. Ce dernier se pinça les lèvres avant de rejoindre la salle d’attente, espérant que tout se passe bien.


- Anarchy, où es-tu ?

Le gamin poussa un petit rire alors que la Neko qui veillait sur lui passa devant sa cachette sans le voir. Alors qu’elle continuait son chemin, l’enfant sortit du placard et courut dans la direction opposée pour se trouver une nouvelle cachette. Peut-être qu’elle sera assez idiote pour ne pas retourner chercher aux endroits qu’elle avait visités ? La maison était immense, pleines de petites cachettes pour fuir les cours que l’esclave devait lui donner dans la journée. Et puis, c’était un bon moyen pour s’amuser, non ? Malheureusement pour lui, l’enfant tomba nez à nez avec son père. Son père… un grand avocat renommé pour son sens de la justice n’ayant pratiquement jamais perdu une cause. Sa mère, quant à elle, était mannequin ainsi que la directrice de sa propre compagnie de vêtements. Vous me direz que cela fait un drôle de couple et je ne vous dirais pas le contraire, mais l’amour ne s’attarde pas aux détails. Fin bref, passons. Le dénommé Anarchy leva les yeux vers son père, le sourire aux lèvres.

- Tasse-toi, tu me gênes.

À ces mots, on ne pourrait pas croire que le gamin n’a que six ans, mais c’est bel et bien le cas. Déjà très jeune, il ne respectait pas ses parents ni ceux qui l’entouraient. Il décidait de ce qu’il voulait faire, il avait tout ce qu’il voulait et ce ne serait certainement pas aujourd’hui que cela changera. Sur ce, son père poussa un long soupire et se pencha pour prendre l’enfant comme un sac de patate sur son épaule ce qui le fit crier.

- Lâche-moi, gros pas beau !
- Désolé, mais je ne te lâcherais pas. Tu as cours, tu te souviens ?
- Mais je ne veux pas y aller !

Anarchy se mit à donner des coups dans le dos de son paternel mais celui-ci ne broncha pas. Au contraire, il continua sa marche jusqu’au salon où il retrouva la neko légèrement perdu.

- Maître Valentyne !
- Michiyo, ne le laisse plus s’enfuir tu veux bien ? Il doit apprendre un peu avant que je puisse l’envoyer à l’école.
- Mais…

L’homme lui jeta un regard noir, ce qui lui fit baisser la tête. Il déposa ensuite son enfant par terre et tourna les talons.

- Je déverrouillerais la porte pour le goûter. Amusez-vous bien !

Le jeune garçon entendit le loquet de la porte, mais cela ne l’empêcha pas de courir vers celle-ci pour tenter de l’ouvrir avec rage. Il ne voulait pas rester dans cette pièce. Il ne voulait pas rester seul avec cette esclave qui ne servait à rien d’autre que de le faire chier. Finalement, il donna un coup de poing dans la porte avant de revenir prendre place sur le canapé en ronchonnant.

- T’es inutile la madame chat. J’sais pas pourquoi j’reste ici à t’écouter parler. J’peux rien apprendre d’une catin.

Il cracha ces mots avec mépris. Six ans et il savait déjà beaucoup de choses de la vie et pas seulement par la télé. Son père passait son temps à s’enfermer dans une pièce avec neko où d’étranges bruits en sortaient et à cause de ça, ses parents s’engueulaient sans arrêts. Il ne savait pas pourquoi ça se produisait, mais il savait que c’était mal et ce mot entendu dans une émission pour les seize ans et plus se trouvait à être bien approprié ; Catin.

- T’es qu’une pute ! Si t’existais pas, papa et maman ne se crieraient pas dessus. T’es qu’un monstre !


Les années passèrent lentement. Anarchy resta toujours aussi rebelle alors qu’il vieillissait et l’école n’arrangea rien. Bien qu’il ait de très bonnes notes, le jeune garçon de 16 ans ne savait pas pourquoi il continuait à suivre les cours. La seule chose qu’il savait bien faire en fait, c’est de chercher la bagarre avec les autres élèves. Sa mère avait finalement quitté le foyer pour s’installer plus loin, gardant son garçon un weekend sur deux puisque son boulot l’empêchait de l’avoir en tout temps. Son père, lui, vivait toujours dans cette grosse baraque avec Michiyo. Esclave et amante. Dégoûtant.

Le jeune homme fourra ses mains dans ses poches en prenant la direction de sa maison sans but précis. Il avait seulement envie de rentrer pour se coucher et dormir. Voulant de nouveau oublier qu’il existait. Arrivé à destination, il passa les grilles protectrices et remarqua bien vite l’absence de la voiture de son père. « Pas de sermon ce soir. » Il pénétra doucement dans la maison silencieuse sans un mot, enlevant seulement ses souliers avant de prendre la direction de sa chambre. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit la neko en train de changer les draps de son lit !

- Qu’est-ce que tu fiches ici ? T’es pas ma mère à ce que je sache alors pourquoi tu fais mon lit ?

La neko se figea, tournant légèrement les yeux vers son jeune maître. La peur se lisait dans son regard, mais aucun son ne put sortir de sa bouche. Anarchy déposa tranquillement son sac au sol et s’approcha de Michiyo pour la pousser sur le lit.

- T’es sourde ou quoi ?

Il n’attendit pas trop longtemps avant d’embarquer sur elle en levant le poing, prêt à la frapper au visage, mais il n’en fit rien. Ses longs cheveux blonds étalés sur le matelas, ses yeux verts qui le fixaient avec stupeur, sa peau laiteuse rayonnant doucement au soleil, ses vêtements froissés laissant entrevoir ses courbes… Il plongea la main vers son blouson, serrant le tissu de toutes ses forces sans lâcher son regard du sien.

- Tu reviens encore ici et t’es morte, capiche ?

Il se redressa avec lenteur et, une fois ceci fait, regarda la neko s’enfuir en courant. Il alla refermer la porte en soupirant de lassitude avant de se laisser choir dans son lit. « Finalement, je sens que j’aurais droit à une engueulade. »


« La journée d’après, je me fis tatouer l'omoplate sous un coup de tête. Mon père ne m’avait pas engueulé comme je l’aurais cru. Il m’a seulement parlé calmement comme si ma réaction était normale. Peut-être qu’il était simplement heureux que je n’ai pas frappé son jouet ? M’enfin peu importe, je n’en revenais tout simplement pas. Par la suite, je me suis trouvé un job comme barman et personne ne sait qu’en fait, j’ai de l’argent pleins les poches. Je n’ai pas envie que n’importe qui pense que je suis un gosse de riche et que c’est papa, maman qui paient tout… même si c’est la réalité. Aujourd’hui j’ai 19 ans, j’ai un appart et j’ai pas d'hybride. Ptet que j’vais aller m’en chercher un qui sait. »