Ma naissance, un cauchemars.Un homme et une femme mariés pour les apparences, voilà qui étaient mes parents. Deux familles importantes sans être riches, voilà d'où ils venaient. Une femme délicate, mais tellement possessive et jalouse envers son mari qu'elle l'étouffait, voilà qui était ma mère et moi, dans tout cela, je venais de son ventre. Si je vins au monde, ce ne fut pas parce que ses humains désiraient un enfant, mais bien pour, encore une fois, sauver les apparences.
Les rumeurs avaient commencé à se propager comme quoi qu'ils allaient divorcer alors ils avaient trouvé une solution pour résoudre ce problème, temporairement du moins. C'est-à-dire d'avoir un enfant. Leur idée semblait parfaite, mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'était que mon père était littéralement stérile, ou presque. Il pouvait avoir des enfants, mais les chances de survie de ceux-ci étaient presque nulles. Du moins, le temps qu'ils se rendent à l'ovaire, mais cela, ils l'apprirent chez le médecin.
Ainsi, je suis l'unique embryon qui réussi à féconder l'ovaire sous la forme d'un spermatozoïde, quelle joie! Je n'ai donc pas été créée dans la normalité, mais plutôt par procréation médicale assistée, ou devrais-je dire, in vitro? À chaque mois, la porteuse de mon embryon rencontrait son médecin afin de recueillir des informations sur mon état ni plus ni moins. J'étais un embryon et dans un futur non-loin, un bébé, soit la solution à leur problème. C'était du moins leur avis.
Durant sa grossesse, ma mère se questionna à plusieurs reprises sur la véritable utilité d'un enfant. Car plus son corps prenait de l'ampleur, plus elle avait peur à la fois d'être déformée et que cela n'ait aucune utilité. Malheureusement, lorsqu'elle cessa d'hésiter, les sept premiers mois étaient passés et il n'était plus question d'avortement.
Le mois qui suivit, je vins au monde, tout en déformant ma mère à vie... et la vie, c'est long.
Mon enfance, un enseignement.Après ma naissance, je fus traitée comme une princesse, en apparence du moins. Car dès l'instant où les autres avaient le dos tourné, j'étais sévèrement punis si j'agissais d'une telle ou telle façon. Les apparences étaient toujours trompeuses, si nous paraissions comme une famille unie et paisible, cela était loin d'être le cas une fois le rideau tombé. J'appris rapidement ce qu'était l'hypocrisie ainsi que les règles de bienséances.
Le paraître était ce qu'il y avait de plus important, mis à part cela, c'était à peine si j'avais le droit à l'amour de mes propres parents. Oh, j'ai eu le droit à l'enseignement de tous les enfants ainsi que des cours de chant et de ballet, mais l'amour, non. Cela semblait presque impossible pour mes parents d'exprimer de l'affection. Ils étaient glacials, sans amour et il s'agissait de mes parents biologiques. Oh, ils avaient tendances à me tenir rigueur de chacune de mes erreur, mais mis à part cela, je ne manquais de rien... Excluant l'amour parental, même amical.
Pour faire court, mon enfance ne fût ni bonne ni mauvaise, je dirais seulement neutre et je ne fus jamais mise en contact avec les hybrides pendant les premières années de ma vie. Mes parents les considéraient comme des êtres inférieurs et ils ne voulaient rien savoir d'eux. Seulement, ils ne m'influencèrent pas, aussi distant qu'ils étaient. Les six premières années de ma vie se déroulèrent sans encombre. Jusqu'au jour où je me fis un ami...
Un ami, une blessure.J'avais décidé que je voulais aller à l'extérieur un jour de pluie. Cette journée-là, je n'aurais pas dû sortir puisqu'on me l'avait interdit, mais déterminée comme j'étais, j'avais décidé de me rebeller, au moins pour cette nuit. J'assumerais ensuite cette erreur plus tard. À mon retour à la maison...
Alors que je marchais le long d'un canal, je vis au pied d'un arbre une boîte, ou ce qui y ressemblait le plus, à l'envers. M'en approchant avec curiosité, je la relevait avec méfiance avant de croiser deux yeux gris. Sous le coup de la surprise, je relâchai le bout de carton qui retomba sur la chose, chose qui émit un petit miaulement.
C'était la première fois que je voyais un chat. Oh, je savais ce que c'était, mais je n'en avait jamais vraiment vu. Il fallait s'avouer que ma mère et mon père n'appréciait guère les boules de poils, qu'elles soient mi-humaine ou non. Il n'y avait aucun animal chez mes parents ni aucun serviteur. Tant qu'à mes amis, je n'en avais pas. J'étais, pour ainsi dire, coupée du monde. Laissée en grande partie à moi-même, j'étais débrouillarde et je restais sagement dans mon coin. Sinon, des mains pouvaient aisément retentir sur mes joues.
Ce n'est que plus tard que j'appris que ce que j'avais pris pour un miaulement était en réalité un glapissement et que le chat était un renard. Ce n'était pas parce que j'était aveugle, mais parce que je ne le savais pas, n'ayant jamais entendu parler de près ou de loin d'un renard. Malgré tout, je pris l'habitude d'imiter un chat en présence d'autrui afin de paraître mignonne et je me pris d'amitié pour le renard.
Malheureusement, mes parents découvrirent cette amitié et comprirent bien assez rapidement qu'il s'agissait en réalité d'un hybride, car les renards n'existaient pas dans le coin. Et c'est ainsi qu'il fut attrapé puis envoyé loin, très loin de chez moi, dans une animalerie. Par la suite, je cessais littéralement d'exister. En leur présence, j'étais une statue sans émotion, une jolie petite fille agréable... Du moment que l'on ne m'adressait pas la parole. Puis voyant que mon attitude ne changeait pas, mes parents m'envoyèrent pendant une semaine chez mon oncle, le frère de mon père qui n'avait jamais eu d'enfant, parce qu'il était stérile. Et dire qu'il aimait les enfants...
Leur mort, mon indifférence.Cela faisait déjà deux jours que j'habitais chez mon oncle que je le regardais sans comprendre. Bien que je suivais encore mes cours de ballet ainsi que mes cours de danse, je ne pouvais m'empêcher d'être abasourdis à chaque fois que je rentrais chez Dany, mon oncle, un peu trop gâteux peut-être.
Autant il voulait me donner de l'attention que les serviteurs... me servaient trop. Étant habituée à m'occuper de moi-même toute seule, cela me rendis mal à l'aise... Sans compter que sa maison était littéralement envahie d'hybrides dociles! Il y avait toujours quelqu'un pour me servir et m'habiller, littéralement. Honteuse d'être mal à l'aise, je me réfugiais à chaque fois dans ma chambre. La chambre que Dany m'avait laissé, mon oncle si riche.
Il me disait souvent que j'étais son petit ange et qu'il accepterait sans problème de me garder à nouveau. C'est aussi ce qu'il répétait à mes parents. Pourtant, lors du cinquième jour, je le vis se tenir à la porte, face à des policiers. Sur son visage, je pouvais y lire un choc important et, curieuse comme j'étais, je m'approchais. Lorsque mon oncle me vit, il me dit de m'éloigner, mais je les entendis clairement.
« Nous sommes désolés de vous apprendre la mort de monsieur et de madame Velmoth. »
Ces paroles n'auraient jamais du se rendre à mes oreilles, mais malgré cela, elles s'y rendirent et je n'eus aucune réaction, seul le silence répondit à l'attente de réaction de mon oncle qui m'observait de ses grands yeux verts.
L'instant d'après je faisais comme si je n'avais rien entendu. J'avais neuf ans quand mes parents me furent enlevés par la route et ma garde fut donnée à mon oncle.
La richesse, un ennui mortel.Comprenant que j'allais rester pour le restant de ma vie chez mon oncle, je me fis à l'idée d'être entourée d'hybride et que mon oncle me désignait un serviteur personnel. Cependant, n'appréciant pas l'idée d'avoir quelqu'un sur mon dos à longueur de journée, je faisais les quatre cents coups. Le sceau d'eau à l'ouverture d'une porte, vous connaissez?
En général, mon serviteur désigné demandait pitié au bout d'une semaine et dans de très rares cas, celui-ci survivait à deux semaines de farces intenses. Les hybrides de la maison comprirent bien assez rapidement mon besoin d'air, alors s'ils me surveillaient... C'était de loin. Je ne pris pas réellement goût à la richesse ni à l'amour de mon oncle.
À vrai dire, j'étais morte intérieurement. J'étais aussi amorphe qu'un chat et si j'imitais ce dernier, c'était pour me faire des amis en apparence, mais même là, j'avais tendance à m'enfermer sur moi-même. Loin des soucis technique et de tout le reste, je me protégeais des contacts. J'avais peur d'aimer et de me lier d'amitié. Mais mon oncle comprit qu'il ne pouvait pas m'aider... et qu'il avait encore des obligations en tant que dirigeant d'une grande entreprise.
Une annonce, une suite.Voyant qu'il devait renoncer à ensoleiller ma vie, il passa une annonce dans le journal local afin de me désigner un tuteur. Beaucoup appliquèrent, mais juste la vue de certains me donnait la nausée. Sans vous avouer que beaucoup était si impatient que je les faisait pleurer d'humiliation à l'entrevu. Car j'avais une clause avec mon oncle, j'acceptais d'être pris en charge seulement si la personne pouvait me tolérer tout au long de l'entrevu, moi et mes farces. Bon, c'était plus une question afin de connaître le caractère de la dite personne, mais... Ce n'était qu'un détail, non?